top of page

A Livre Ouvert

L’enjeu de la poulette russe

ou les tâtonnements d’un barillet sur la Côte

Si l’on n’aime pas, on laisse tomber.

Si on ne se reconnaît pas dans le style, on dépose le livre sur le côté.

Mais si l’on admet que la truculence fait partie de la langue française, si l’on se dit qu’à côté de la langue classique, policée, équilibrée, polie et ciselée existe une langue débordante, faite d’excès corporels, de vivacités fulgurantes, de jeux de mots, si l’on sait que de Montaigne à San Antonio, de Rabelais à Louis-Ferdinand Céline, en passant par Voltaire et Marcel Aymé, via Alphonse Boudard, il est une façon de cultiver les morts et les mots qui est “non officielle”, alors on appréciera ce numéro 4 de la série Jo White - Alpha, dans la collection si bien nommée “La Gauloise”.

Jo White, série policière se déroulant sur la Côte d’Azur. Le récit est à la hauteur de l’annonce, le plumage appelle le ramage, les fruits tiennent la promesse des fleurs.

Vénéneuses, en l’occurrence les fleurs. Jo White est un détective privé féminin, (donc privée). Son bureau est dans l’attente, plongé pour tout dire dans des heures de latence. La porte s’ouvre et tout commence. Et l’on est pris de part en part par l’action.

Parce qu’elle est portée par une langue qui foisonne, bourgeonne, faite dans la floraison, une langue sémillante et fertile. Tout y passe, les noms propres : on rit à chaque identité. Les déferlements et les crispations sexuels. Et les rebonds dus aux métamorphoses d’identité, qui

agrémentent l’action. Les personnages sont esquissés, mais prennent forme néanmoins dans leur ambiguïté, celle qui suscite et engendre la déferlante des mots : “Bravo, pour quelqu’un qui a fait son droit…comme disait Coluche, maintenant tu fais tout de travers ! Tiens je te passe les fringues de Totoche, elles t’iront comme un préservatif. Jean-Jean t’attends pour t’essayer en Conchita. Un conseil, ne fais pas d’ombre à Patou chérie ou il va nous faire une attaque.”.

Nice est célèbre -entre autres- pour son Carnaval. Ici défilent une secrétaire en manque de socca, une autre en manque de sexe ou, pour être plus exact, en attente de jouissances tardant à (re)venir, un travelo attachant, un ex-chanteur attaché.

Et la sarabande prend, comme une mayonnaise teintée d’aïoli. Les rues de Nice défilent au gré des découvertes que l’enquête occasionne : le boulevard de Cessole, et le mythique Mont Boron, visité par un clochard-par-les-vérités-visité.

L’histoire va ainsi, portée par des mots, comme toutes les histoires, mais ils s’agglutinent ici sur le mode de la dérision signifiante. On plaisante, on joue mais, finalement, un monde se dessine qui n’est pas dépourvu de sens, simplement dépouillé de bon sens, de sens établi. Tout y est mouvant, dans un jonglerie perpétuelle. Loin de tout sens rassis.

Et voici un dernier extrait : Il part pour un safari dans les rues de Paris, histoire de réaliser quelques clichés d’autochtones en voie de disparition : les travailleurs ! Une race qui pullulait autrefois mais que les dragueuses des multinationales ont décimée et transformée en chômeurs.

Un dernier, pour tituber sur la route. Et vous inciter à la prendre. Comme il se doit.

Pour Vence-Info-Mag.

Yves Ughes.

Vence des Sources et des Fontaines
le conte de la couleur bleue

 Prix d'Honneur du monde francophone 2016
 

 Est en vente à l'office du tourisme de Vence

« Viol au-dessus de la Khmer rouge »

L’Opus n° 03 des aventures de JO WHITE

Série policière qui se déroule sur la Côte d’Azur

 

SORTIE FIN FEVRIER

Signature le samedi 5 mars 2016

Espace Culturel Leclerc

Place du Grand Jardin - Vence

de 10h30 à 18h00

En présence de l’Auteur “Alpha”

Les Opus n° 01 & 02 seront également en vente

Et dédicacés à cette occasion

Une lumière diffuse et humide éclaire une forêt de bambous et de plantes exotiques au travers desquels serpente une

petite allée de terre battue. Le vietnamien s'y engage et fait signe à Richard de l'accompagner. Le chemin contourne un

bosquet truffé d'orchidées pour déboucher sur une petite place à côté de laquelle se dresse une hutte en canisses.

Elle comporte une ouverture obturée par un store et une fenêtre qu'un voile de tulle protège des éventuels moustiques.

A son pied, une grille métallique d'un mètre carré, en fer forgé.

 

 

(Suite dans le livre)

A. comme Apophtègme : qu’est-ce ? quessedonc ?

Un apopthtègme est une sentence, une maxime, l’expression en quelques mots incisifs et ramassés d’une pensée forte.

 

Oui, mais alors pourquoi Apoflegmes ? parce que Georges Richardot aime la langue. Il l’aime au point de la triturer, voire de la torturer pour la faire réagir. Il la malaxe, et n’oubliant pas son mentor Raymond Queneau, il nous donne ainsi une belle leçon de « languistique ».

 

Point de prétention à la réflexion immortelle chez lui, il ne prend pas –n’a jamais pris- la pose de l’auteur hiératique qui assène des vérités incantatoires ; il sait que le langage à force de postures va directement dans le mur de l’imposture, accompagné par les trompettes de la supposée inspiration, celles qui ont pour sœurs les trompettes de la renommée.

 

Ici, tout est pris avec flegme, comme annoncé, mais on le sait bien : comme le rire est la politesse du désespoir, le flegme est une culture poli du travail.

 

Ce dictionnaire portatif de la dérision repose sur une création aussi riche que détendue, il associe le trouble à une légèreté du meilleur goût.

 

La lettre Initiale devient élan de création, lettre fertile et germinative. Au fur et à mesure que le jeu prend forme, le lecteur est emporté par son désir de parcourir l’alphabet.

 

M. comme Myrtilles

            Ventimille

            Vin de myrtilles

            Vin des bois qui pétille

            C’est une jambe de bois qui frétille.

 

Ou bien P. comme Porc

            Il n’est de bon porc que de naissance (en y ajoutant un brin d’éducation religieuse).

            Pour arriver à bon porc, suivez la truie !

 

Les mots appellent les mots, s’unissent en joyeuse sarabande et parfois même en danse macabre, l’humour noir a toujours été une pulsion transgressive, donc une pulsion de vie.

 

On parcours ce livre comme on veut, et ce n’est pas le moindre respect accordé au lecteur ; qu’on suive l’ordre ou pas, on jubile à chaque étape. On verse dans l’absurde, la dérision, on saisit au vol une référence littéraire, on pêche plus loin une perle explosive. Des définitions  renvoient à d’autres par la traditionnelle formule « voir », particulièrement bien détournée dans son fonctionnement (« Anglaises » voir « Capote ») . L’ironie tisse sa trame dans ces découvertes et d’une lecture fatalement parcellaire se dégage un grand souffle de création unificateur.

 

Ecoutons le L. de Langue :

            La langue, disait Esope, est la meilleure et la pire des choses. Ajoutant dans sa barbe : de vous à moi, les gars, ça tient au court-bouillon.

 

Dans ces temps qui souhaiteraient nous la mettre… la rate…au court-bouillon, il est tonique de découvrir cette salutaire jonglerie de la langue. 

Jérôme Garcin 

Le Voyant

Editions Gallimard. 2015

 

Grandeur de la cécité. 

 

Le voyant, le titre est paradoxal puisque le récit évoque la vie d’un aveugle. Mais le paradoxe est une figure de style souvent féconde. Le livre de Jérôme Garcin nous le prouve. 

 

Jacques Lusseyran est victime d’un accident dans son jeune âge, il perd la vue. “le visage en sang, Jacques hurle : “mes yeux ! où sont mes yeux?”. 

 

Qu’on ne s’attende pas à un misérabilisme de sous-préfecture, dans “Lusseyran”, se trouve niché le mot lumière, elle irradie l’ensemble de cette biographie, de ce roman de vie. 

 

“La découverte fondamentale, je l’ai faite dix jours à peine après l’accident qui m’a rendu aveugle. (…) C’est vrai, la lumière je ne la voyais plus hors de moi, sur les choses, mélangée aux choses et jouant avec elle ; et tout le monde autour de moi était convaincu que je l’avais à jamais perdue. Mais je la retrouvais ailleurs. Je la retrouvais au-dedans de moi et, ô merveille, elle était intacte.”

 

Car l’homme, cet homme-là plus que tout autre, connaît une disposition au bonheur, et la vie de Lusseyran se présente comme une formidable expérience de la joie de vivre, envers et contre tout. 

 

Il lit, abondamment, il lit tout, dévore des yeux. Il connaît le monde avec un appétit vorace, perçoit intensément les êtres et les choses par les quatre sens qui lui restent. Les études s’ouvrent à lui, la vie s’ouvre par tous ses pores. 

 

“L’accident l’a rendu phonologue. Il traduit l’inflexion molle de l’hypocrisie, le rythme saccadé de la panique, la scansion époumonée de l’hésitation ou le son cuivré du courage. C’est un juge hors pair, dont la mémoire phénoménale n’a jamais été plus utile, plus décisive : il connaît par coeur plus d’un millier de numéros de téléphone qu’il a appris avec la même facilité que les lettres de Cicéron ou le système des monades selon Liebniz. 

 

Les études sont brillantes, mais elles vont se heurter au cours sinistre de l’Histoire. Né en 1924, Jacques a dix-sept ans quand Paris est occupée par les troupes allemandes, pliée sous les uniformes nazis. Le voyant entre donc en résistance, il sera rapidement arrêté, en 1943,  “interrogé” par la Gestapo puis déporté à Buchenwald. Il survivra, grâce notamment à l’extraordinaire solidarité qui se nouent entre les détenus. Et avec l’aide permanente

permanente de la littérature : “Certains jours, Jacques monte sur un banc, récite à haute voix des poèmes de Villon, de Ronsard, de Baudelaire - “la Mort des amants”-, de Rimbaud, d’Apollinaire, d’Aragon ou d’Eluard. Même les déportés qui ne parlent pas français l’écoutent avec ferveur, comme si c’étaient des mélodies. Ensuite, il sollicite la mémoire de ses auditeurs, leur demande de retrouver eux aussi des poèmes. “Je découvrais qu’il y a dans la tête des hommes des gisements de poésie et de musique que personne, dans la vie ordinaire, ne s’avise d’exploiter. 

 

L’art de la biographie est difficile. Jérôme Garcin s’en tire à merveille. Il esquive tout risque d’hagiographie : Jacques Lusseyran y est perçu et décrit dans ses grandeurs comme dans ses faiblesses, son goût de la vie fait de lui un grand séducteur, parfois au détriment de ses proches. Il est un homme, tout simplement, merveilleusement humain. Et le style de J. Garcin porte le livre avec une remarquable densité classique. La langue est fine et souple, fluide et riche, elle se met au service du sujet avec ampleur et humilité. 

 

Lors des premières pages de ce livre dédié à Patrick Modiano -ce n’est pas un hasard- on découvre deux citations qui ouvrent amplement la réflexion et nous incitent à la lecture. 

 

Oedipe ne commence à voir clair que quand il est aveugle. Jean Cocteau. 

Je ne vous ai pas dit que j’avais vos yeux. J’ai dit que j’en avais d’autres. Jacques Lusseyran. 

 

De quoi susciter l’envie de chausser ses lunettes. 

Pour Vence-Info-Mag

Yves Ughes

Corto Maltese

Ou le trait du silence.

 

Il nous vient de Venise, il est donc, tout naturellement, « le » sérénissime. Sa silhouette, élancée et fine, arpente les lieux les plus insolites, le plus souvent de profil. Il avance au rythme du silence. Quand il parle, il choisit ses mots, souvent associés en litotes incisives.

 

Corto Maltese est un insolite et fascinant héros. Il hante des romans et traverse les bandes dessinées avec un calme qui se calque sur la vie de ses cigarettes toujours renouvelée.

 

On peut avancer dans cette œuvre en faisant le grand écart, géographique s’entend. L’initiation pourrait très bien passer par deux titres : Fable de Venise et Sous le soleil de minuit. Le premier a été publié en 1977. Le second vient de paraître, il n’est pas créé par Hugo Pratt, désormais décédé, mais par une équipe qui perpétue la mémoire et continue d’explorer, avec fidélité, l’inspiration donnée. Les deux coupables s’appellent Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero.

 

Avec Fable de Venise, on se noue à l’auteur, on se prend de passion pour cette traversée impassible et sereine d’une ville mystérieuse. Voici Corto sur les toits, constatant : encore un coup de feu, ça devient dangereux la vie à Venise. Il dégringole et paradoxalement semble tomber vers le haut. Car le rêve prend une place essentielle dans ces bandes dessinées. Point d’illusion de réel, le personnage paraît venu d’ailleurs, ce qu’il éprouve et rencontre tient souvent de l’invraisemblable. En tant que lecteurs nous sommes dans un parcours relevant du funambulisme, nous nous retrouvons bien sur la place San Marco, mais nous nous percevons, en même temps, ailleurs.  Les couleurs se déclinent en palettes pastel d’une page l’autre, la magie nous cerne et nous envahit. On passe un temps fou à lire de telles œuvres, car se fait sentir une nécessité esthétique forte : une fois lue la bulle, il nous faut retourner au graphisme, afin de déceler les points communs et souterrains qui le lie au texte. Un réel et intense travail de décryptage ; on se surprend en permanence à scruter, à fouiller le trait, à fouailler les nuances colorées.

L’avocat Pierre Marchou, ancien maire de Vence, signe un petit ouvrage en forme d’essai, avec un titre qui va interpeler le lecteur après avoir interpelé l’auteur lui-même : « Est-ce que Vence et Jérusalem ont quelque chose à se dire ? ». Un ouvrage que Pierre Marchou définit ainsi : « Un dialogue entre la petite ville où j’habite et que j’aime, Vence, et une grande ville où je n’habite pas mais que j’aime aussi, Jérusalem ».

Suite à la polémique engendrée à la Médiathèque, par le retrait d’un ouvrage pour enfants : « Momo Palestine », des Magrébins représentatifs de leur communauté étaient allés trouver la représentante de la communauté juive de Vence, pour lui dire que, eux, ne prenaient pas partie dans cette affaire qui, par le biais d’internet, avait pris une certaine ampleur. Ils veulent avant tout vivre en paix avec tous les Vençois, de quelque confession qu’ils soient. Comme il semble qu’à Vence la grande majorité des habitants soient de cet avis, la ville devient un exemple qui pourrait inspirer Israël.

Malheureusement, dans nos médias, nous n’entendons parler que de drames, provocations, représailles. Et s’il est dramatique actuellement de vivre à nouveau ces moments si difficiles, que l’on appelle « guerre des couteaux », n’oublions jamais qu’il existe de multiples étincelles de vie et d’amitié au-delà de tout. En cela… Jérusalem a beaucoup à nous apprendre dans le « bien-vivre ensemble ».

Raymond Ardisson

L’AMANT VIRTUEL de Julien SIGALAS

au Théâtre de l’Avant scène

 

Ils se retrouvent, ils se marient et une vie paisible s’installe mais l’ennui  est au coin de la rue. ELLE va rêver sur un site de rencontre mais LUI n’a pas les oreilles dans sa poche… Ca sera lui l’amant virtuel tellement séduisant qu’elle se prend au jeu cruel de son mari réel. La comédie devient sombre . Comment mettre fin a ce jeu de rôle dangereux. Le face a face des deux Amants virtuel brise sans espoir ce couple à la dérive. C’est la guerre ouverte ? Non c’est lui qui proposera une paix souriante a cette comédie amère … ELLE et LUI continueront à jouer les AMIS avec derrière la tète le souvenir d’une folie amoureuse trop vite éteinte..  Eteinte ? l’avenir le dira….

Bonheur de l’écriture, justesse  des dialogues,  jeu des interprètes, un  régal. Jean  Anouilh n’est pas loin…..

Merci Monsieur Sigalas…..l

Merci Jacques Fournée pour l’ouverture en fanfare de l’insubmersible  « Théâtre de l »Avant-scène ».

 

Daniel LONGIN

D’un festif festival qui passe par le festin

Ou

Quand Mouans-Sartoux fête le livre

Pour sa 28ème Session

 

Il y a les foires, où l’on vend –peu ou prou- des livres ; il y a des salons –où l’on cause-, et puis il y a des festivals, qui portent le mot « festif ».

Et puis encore il y a LE festival, celui de Mouans-Sartoux, qui perdure depuis 28 ans  et va se développant, s’élargissant, portant toujours plus haut la joie de lire et de découvrir les livres.

 

Ce vendredi 4 septembre  un déjeuner de presse est organisé pour présenter le programme de cette nouvelle session. Rien, à Mouans-Sartoux, ne relève du hasard : un déjeuner de presse pourrait être mondain et conventionnel ; le voici conçu et organisé dans les jardins du Musée International de la Parfumerie Le lieu fait sens. Un espace consacré aux essences, aux roses de mai, aux vignes…un poumon dans la ville qui, soit dit en passant, préserve des hectares de verdure de la spéculation immobilière. Nous sommes bien à Mouans-Sartoux. Nous y sommes bien, pour flâner, respirer, humer et nous former sur le terrain.

 

Dans une petite salle chaleureuse dudit espace-jardin, Mme Marie-Louise Gourdon – Commissaire du Festival- nous accueille pour nous présenter la mouture 2015. Avec chaleur et passion, elle décline les activités, les auteurs invités, en reliant le tout à l’esprit qui préside à l’ensemble. Depuis 28 ans, il est le même, il creuse le même sillon : quelle est la fonction et l’avenir du livre ? Nous ne sommes pas dans le ronron, l’autosatisfaction, la certitude établie.

 

 Nous sommes dans l’action, l’interrogation, le questionnement : le livre doit être défendu, porté, sollicité parce qu’il est vecteur de déstabilisation, de remise en cause et d’ouverture.

 

L’ouverture se conçoit ainsi, en soi pour aller vers l’autre.

 

En témoigne le thème qui présidera à ces trois jours de rencontre : L’autre comme moi. Marie-Louise Gourdon revient sur les mots, en insistant sur leur poids. 4 mots, et un terme central : Comme. L’interrogation est posée, le problème de l’altérité se formule, tout est là : condensé, contracté, mais avec une ouverture qui suscite et sollicite l’intelligence. A chacun de nous de se définir, de se déterminer. L’acquis du festival se situe d’ores et déjà dans ce thème. Il ne manquera pas de circuler dans les intelligences pendant trois jours et bien au-delà.

 

Dès lors se mettent en place les dynamiques qui vont animer ces journées. Sous la présidence d’honneur d’Edgar Morin – qui lie avec bonheur les mots festival et festin, le livre envahira l’ensemble de la ville, de la rue centrale il rayonnera vers les divers centres et les espaces divers, du gymnase au Château, de l’Espace Beaux-Livres à l’espace Jeunesse. Du livre à l’image, il n’y a qu’un pas : il sera franchi avec les films programmés. Le livre suscite aussi les mots : des échanges et des débats, que l’on pressent intenses, se mettent en place.*

 

Un festival, vous dit-on, de la pensée, du dialogue, du débat et de la réflexion. Tel est Mouans-Sartoux. Pas étonnant que, l’an dernier, 60 000 personnes aient franchi le seuil. Aient osé et aimé franchir le seuil de la Culture. Celle qui est à la fois populaire et exigeante.

 

C’est dire la portée de ce festival. Pas étonnant que des enfants, ayant connu ces rencontres-jeunesse, reviennent désormais en tant que parents…avec leurs enfants. Comment mieux dire l’action formatrice de la Cité.

 

Pour nous, Vençois, deux raisons supplémentaires viennent s’ajouter à l’enthousiasme ambiant. Notre ami Franta présentera une exposition dans l’espace Beaux Livres. Nous connaissons son œuvre, internationalement appréciée. Elle sera présentée à tous les visiteurs, notamment ceux et celles qui circuleront dans cette aire consacrée à la poésie et aux beaux papiers.

 

Et l’Ecole Chagall sera à l’honneur puisque que la classe de CM2 de Mme Christine Duval a décroché le prix des « Pitchons ». Il leur sera remis à cette occasion.

 

Mouans-Sartoux ? On peut laisser la voiture à Cagnes, en zone jaune, pour un €uro. Et prendre le train. C’est demi-tarif, aller-retour…Une autre façon de voir la Côte.

Une belle façon d’accoster le Livre.

 

 

Pour Vence-Info-Mag

Yves Ughes

 

 

 

 

Pour le programme complet :

www.lefestivaldulivre.fr/

 

 

Yoyo Maeght

La Saga MAEGHT

Un tableau solaire du XX ème siècle

                                                          

 

Le cadre est tracé dès la première page  : Dans cet ouvrage, l’auteur exprime la manière dont il a vécu et continue de vivre au sein de la famille Maeght. Il s’agit d’un témoignage, à ce titre nécessairement empreint de subjectivité.

 

Le cadre est donné mais le travail de l’écriture ira en le débordant.

Ce livre ne serait-il qu’un témoignage, il serait déjà beaucoup, tant la vie et les rencontres de l’auteur sont riches et vives.

Mais il va bien au-delà, porté qu'il est  par une subjectivité allègre, une sensibilité généreuse et enthousiaste.

 

Cette oeuvre témoigne, certes, mais en explorant des lieux, un territoire, un temps foisonnant et une époque fertile. Il trace ainsi une route qui nous happe, parce qu’elle est nôtre, et qu’elle nous entraîne encore.

Comment donc opère cette magie exploratrice ?

 

La première partie s’organise sur le kaléidoscope de la mémoire. L’enfance, l’adolescence et la vie  s’agencent en territoires que l’on explore comme dans une partie de cache-cache : une course en tous lieux pour trouver l’endroit où se nicher temporairement ; dans chaque lieu, surgit une présence. On y croise ainsi des êtres emblématiques, on fréquente en toute simplicité Prévert et Montand, Bonnard et Chagall, Char et Malraux, Matisse et Calder.  Chacun surgit non dans sa célébrité, mais dans ses passions vibrantes. Ils créent, crayonnent, sculptent et découpent, tous et toutes ont le sentiment de vivre un temps d’exceptionnelle liberté, présentant des ressources infinies pour l’art.

La BD est CHARLIE

 

On se protège, et l’on a raison, comment faire à moins ? Pour (sur)vivre, il faut  bien sinon oublier tout au moins ranger, classer. Organiser dans notre mémoire. Etablir un ordre rassurant.

 

Mais ne pas oublier est tout aussi nécessaire. Accepter l’horreur du temps, dans sa déflagration terrible, dans sa monstruosité encore et toujours perturbante.

Ne pas nier.

Ne pas ne pas voir.

Ne pas oublier.

 

Pour être dans le temps et rester soi-même, avec ses valeurs.

 

Cabu, Wolinski, et tous les autres. Ils ont formé notre jeunesse, ils l’ont entretenue, nous accompagnant, nous demandant toujours d’être un peu moins cons.

 

Ils ont célébré la fesse, l’impertinence, ils nous ont oxygéné l’esprit. Mon corps est à elle. Le grand Duduche, et puis Reiser : Gros dégueulasse, et encore Cavanna. 

Une façon de vivre, en riant, en nourrissant l’esprit par la transgression. Parfois l’outrance était de nature à outrer au-delà des limites. Mais qu’importe, l’ivresse de la liberté était là.

 

Un vaccin vivace. Charlie contre les intégrismes, pour la lumière et le souffle de la vie, celle qui respire, et ose la provocation envers et contre tout. Cette provocation sans laquelle il n’est pas de progrès possible, ni d’avancée. 

Vence et ses environs n° 45 : dans la germination des strates

 

                Respirez, plongez, revenez. La ville vous paraîtra plus odorante, vous en saisirez mieux le parfum, celui qui a traversé le temps et qui envahit encore l’espace. Nous voici au numéro 45 de « Vence et ses environs ». Tous ont été réussis. Celui-ci tient les promesses des précédents et les porte plus haut encore. Ou plus en profondeur. Car c’est de strates dont il s’agit.

                Strate : une strate est une couche homogène d'une roche sédimentaire dont l'épaisseur peut varier de quelques millimètres à quelques centaines de mètres. Une ville est faite de strates. Le magazine nous invite à les découvrir par une coupe transversale faite sur papier. La réussite réside dans le fait troublant :  que l’on soit Vençois de longue date ou de fraîche arrivée, chacun y trouve son compte, son bonheur. Voici une revue qui nous forme et nous consolide dans le bonheur d’être de notre ville. Dans notre cité.

                On ne peut égrener les articles, mais il nous faut signaler ce qui fait l’armature de cette édition : La Maison du Mineur. La bâtisse, comme son nom, interpellent le lecteur. Mineur ? à Vence ? Et l’on plonge aussitôt dans l’Histoire. De même on parcourt l’espace comme un lieu de santé. On se souvient de la silicose et de notre climat, propre à générer une Société Thermale et Climatique. De quoi se promener dans le temps et rejoindre le présent : grâce au travail journalistique de Nelly Orengo, on découvre le lieu de l’intérieur, avec ses prestations de qualité, ses services de soins, le suivi de chacun. Après cette lecture, on ne peut plus se promener aux alentours de ce lieu de façon anodine. On entre dans la ville, on en perçoit l’héritage. Par strates, vous dit-on !

(...)

Un retour pour le futur.

 

Vite, rêvons sur les chemins du temps…

 

Le titre dit tout et trace une route insolite, troublante.

Le principe paraît simple, mais il s’avère redoutablement efficace. Nous vivons dans un présent qui nous paraît évident. Rien de ce qui nous entoure et qui constitue notre vie n’a pourtant jamais été acquis.

 

Dans les années 1950, nous envisagions l’an 2000 avec délire ; nous sommes en 2015, certaines promesses ont été tenues, d’autres n’ont été que pures fictions. Certaines réalités évidentes de nos jours étaient en revanche totalement imprévisibles.

 

Jacques Gros a connu la géniale intuition de retourner vers le passé, pour cerner les intuitions de l’a-venir. Comment préparait-on, comment concevait-on le futur dans les cinq siècles qui ont précédé le nôtre ? En quels termes le formulait-on ? Ce voyage, ce retour dans le passé vers notre présent est confondant et riche en leçons.

 

Ce traité de futurologie se décline en douze thèmes. Pourquoi douze ? La question nous conduit directement au cœur du livre : Jean Belot, dans ses Sciences de chiromancie, édition originale de 1688 : « tout est au nombre de douze : notre corps est composé de douze principaux membres… ». 

(...)

Dolce Vita

 

Peut-on encore écrire des romans ? Comment peut-on encore trouver un titre ? Tout semble avoir été dit, fait, expérimenté, et tous les titres du monde paraissent avoir épuisé le stock de la créativité.

 

Répondre à ces questions revient à pénétrer le miraculeux travail qu’accomplit la littérature. Dans son exploration de l’homme et du monde, elle travaille les mots d’une façon telle que des sens nouveaux toujours surgissent.

 

« Dolce Vita (1959-1979)», titre simple, connoté, efficace par sa simplicité et ses connotations ; ses balises historiques aussi.  Fellini, la fontaine de Trevi, Anita Ekberg surgissent aussitôt, suivis par le cortège des douceurs latines, des audaces romaines.

 

 

(...)

Et si l’on s’invitait chez la comtesse Fritouille ?

On pourrait se dire que Gombrowicz offre un intérêt de voisinage. Sa présence à la Villa Alexandrine, durant les dernières années de sa vie, accréditerait cet intérêt de proximité. Ce serait alors une gloire locale, que nous visiterions presque par politesse.

 

Il suffit d’ouvrir un seul livre de cet auteur pour succomber au choc. On prend d’emblée un coup sur le front qui nous fait dire, dans l’étourdissement, qu’il s’agit d’un auteur majeur. Son œuvre met le doigt sur les plaies du XXème siècle. Elle est un point névralgique de notre contemporanéité.

 

Lisez par exemple Le festin chez la comtesse Fritouille*. Vous serez emporté par un délire grotesque et incisif, percutant et frappé au coin de l’humour noir. On y retrouve la veine et la force de Kafka, dans un déferlement verbal propre à celui qui vint finir sa vie à Vence, et qui succomba à une insuffisance respiratoire.

 

(...)

 

 

Le soleil des Scorta….une âpre merveille

A lire sans parasol.

Il est des Goncourt qui, comme les vins, prennent saveurs et charpente au gré des années. Ce Laurent Gaudé, prix 2004, a cultivé son intensité tannique, et le temps est venu de le déguster de nouveau, par petites gorgées, le soleil et l’âpreté des Pouilles viendront rayonner au gré des pages.

 

La Région des Pouilles se trouve juste au-dessus du talon de la botte Italienne. Elle est rude et se partage entre campagnes brûlées et ports de rudesse. De toutes façons, il faut peiner, travailler, arracher la vie.

 

Luciano Mascalzone ne l’entend pas ainsi. Il a voulu, il veut, il désire tout avec ardeur. Ainsi commence le roman. Il sort de prison et vient vers la femme désirée, fantasmée. Lorsqu’il la prit dans les draps frais du grand lit, elle soupira comme une vierge, le sourire aux lèvres, avec étonnement et volupté, et s’abandonna sans lutter.

 

(...)

.

Regarde les lumières mon amour

Raconter le supermarché

Ce livre n’est pas un roman. Pas un essai non plus. Ni un récit. Qu’est-il donc alors ? Et à quoi sert-il s’il ne fait ni rêver, ni imaginer, s’il n’analyse pas ?

A-t-il au moins un sujet ?

Les grandes surfaces. Plus précisément : un hypermarché De novembre 2012 à octobre 2013, j’ai ainsi relaté la plupart de mes passages à l’hypermarché Auchan de Cergy que je fréquente habituellement pour des raisons de facilité et d’agrément (…).

 

Annie Ernaux est un grand écrivain. Au style minimaliste. Dans La Place elle sait avec une intense subtilité décrire le déchirement que suscite sa montée dans l’ascenseur social. Comment passe-t-on d’une épicerie-troquet à la fonction de professeur de Lettres ? Comment se redéfinissent les liens avec le milieu social d’origine ? Avec les parents ?

 

(...)

bottom of page